Le Conte d’hiver, W. Shakespeare, Espace Malraux  

 

Le Conte d’Hiver raconte comment la folle jalousie de Léontes, roi de Sicile, envers son ami de toujours, le roi de Bohême, Polixène, va mener à la mort sa propre reine et son enfant bien aimés. Puis, seize années passent pour nous envoyer en terre bohémienne, où la « bâtarde » morte aux yeux de son père Léontes, la jolie Perdita, a survécu, choyée par des bergers rustiques. Celle-ci vit une histoire d’amour secrète avec Florizel, le fils du roi Polixène que ce dernier va découvrir : les amants s’étant enfuis en Sicile, tous se retrouvent là-bas, et découvrent la véritable identité de chacun. Ainsi, les amants peuvent se marier, et ce petit monde allant se recueillir auprès d’une prétendue statue de la reine morte, la voit revenir à la vie…

 

     La représentation de la pièce débute sous une forme dramatique : les comédiens s’expriment la plupart du temps en criant, et tout semble folie, déraison et douleur, une véritable tragédie théâtrale. La pièce et à la fois représentée sur scène et sur un écran sous la forme de vidéo-surveillance, offrant une mixité divertissante. Les décors sont doubles et modulables, ce qui offrira après des entractes musicaux de quelques minutes une nouvelle dimension à la pièce. Puis Le Temps récitera son discours en alliant simple parole et chant en français et en anglais. Dans la seconde partie de la pièce, en Bohême, le tragique fait place au burlesque : les personnages sont souvent ridicules, les comédiens exagérant à outrance leur jeu ; apparaîtront des scènes cocasses de danse et de pitrerie, des personnages et des drôleries diverses. Puis on retourne en Sicile où aura alors lieu la mise en scène d’un morceau du texte très originale sous forme d’un journal télévisé. Tout au long de la pièce, un grand écran placé en fond de scène projettera ce qu’on pourrait qualifier de décor supplémentaire, par exemple un aquarium avec des poissons…

 

    J’ai un avis assez partagé sur cette représentation : elle m’a parfois parue lourde et exagérée (notamment par la présence des scènes très burlesques). Mais cette façon de mettre en scène Shakespeare est vraiment originale et innovante, grâce au grand écran en fond de plateau, qui a vraiment dynamisé la mise en scène. J’ai particulièrement apprécié la scène du Temps, très bien jouée, impressionnante et envoûtante, ainsi que la partie « journal télévisé » qui est une idée formidable et totalement inédite à mes yeux. Les minuscules entractes musicaux étaient également très appréciables, avec des musiques tout à fait adaptées qui permettaient de changer discrètement les décors, eux-mêmes magnifiques. Ainsi, malgré quelques moments de perplexité, j’ai réellement apprécié l’originalité de la mise en scène et le jeu déluré des acteurs.

 

 

 Note de synthèse d’Ambre BONTE, 1L1